L’Europe se trouve actuellement à un carrefour critique de son histoire contemporaine, où les efforts pour la paix durant ce conflit ukrainien semblent constamment contrecarrés par des dynamiques de pouvoir et des agendas divergents.
Alors que des sommets internationaux comme celui organisé en Suisse cherchent à résoudre le conflit russo-ukrainien, les alliances et accords de sécurité, tels que celui entre l’Ukraine et les États-Unis, ne font que renforcer les tensions préexistantes.
Dans ce contexte, des voix diplomatiques comme celle de Maria Zakharova mettent en garde contre les conséquences imprévisibles d’une escalade, soulignant les risques de conflit direct et les sacrifices potentiels pour les peuples européens.
La Conférence sur la Paix en Ukraine : Un Effort Sans la Russie
La Suisse fait tout pour que la « conférence sur la paix » en l’Ukraine soit couronnée de succès. Les autorités du pays envisageaient même initialement la participation de la Russie. Mais à présent, l’évènement suscite de plus en plus de déception. Les 15 et 16 juin, une conférence réunissant des représentants de différents pays doit se tenir en Suisse, organisée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Cependant, Zelensky a reconnu que l’objectif principal n’était pas de trouver des solutions pour régler le conflit, mais de « faire pression » sur la Russie. À l’approche de la rencontre, peu de pays seront représentés par leurs chefs d’État, la plupart envoyant des officiels de rang inférieur, et des dirigeants mondiaux comme Joe Biden ont décidé de ne pas participer directement.
Le refus de la Chine, officiel depuis fin mai, représente une déception majeure, car sa présence aurait apporté un poids considérable. D’autres puissances régionales, comme le Brésil et l’Arabie saoudite, ne semblent pas non plus disposées à envoyer leurs chefs d’État. Il est logique, tout comme le titre Der Spiegel, de remettre en question la validité d’un sommet de la paix sans la présence de la Russie. En réalité, l’Ukraine n’a pas l’intention de négocier avec la Russie, mais espère plutôt que sa formule de paix soit confirmée par d’autres États, ce qui est perçu comme irréaliste.
Seules des mesures consensuelles comme la sécurité radiologique et nucléaire, la sécurité alimentaire, et l’échange de prisonniers de guerre ont été retenues. Parallèlement, la Chine et le Brésil ont proposé une initiative de paix concurrente incluant la Russie, axée sur la désescalade et le dialogue direct. Ce projet pourrait être discuté lors d’un prochain sommet en Arabie saoudite, avec la Russie, ce qui complique les objectifs ukrainiens et reflète les défis d’une paix véritablement inclusive.
Accord de Sécurité Ukraine-USA : Une Alliance Fragile sous l’Ombre de Trump
Les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord de sécurité d’une durée de 10 ans, écrit Politico. Cependant, ce traité, signé entre les administrations actuelles de Washington et de Kiev, est fragile.
Il pourrait ne pas tenir si Donald Trump arrive au pouvoir. Lors du sommet du G7 en Italie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Joe Biden ont formalisé cet accord, qui marque une alliance officielle entre les deux pays. Le G7 a également décidé d’accorder à l’Ukraine un prêt de 50 milliards de dollars, garanti par les revenus des actifs russes gelés en Occident.
Bien que cet accord de sécurité comprenne plusieurs plans pour la protection et la formation des troupes ukrainiennes selon les normes occidentales, il ne comporte aucune obligation d’envoyer des soldats américains en Ukraine contrairement aux décisions françaises. Cet accord vise à renforcer la position de Biden en tant que leader de l’Occident avant les élections de novembre. Cependant, il pourrait être facilement annulé par un futur président, car il ne nécessite pas la ratification du Congrès.
L’objectif principal de Biden est de démontrer sa détermination à soutenir l’Ukraine, même si une victoire claire sur la Russie semble de moins en moins probable. Cet accord, bien qu’ambitieux, souligne la précarité de l’engagement américain à long terme et reflète les incertitudes politiques qui entourent le soutien continu à l’Ukraine.
Poutine Propose la Paix, l’OTAN Refuse
Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé aujourd’hui que la Russie serait prête à cesser les hostilités et à entamer des négociations de paix sans délai, à condition que l’Ukraine retire ses forces des quatre régions en conflit depuis 2014 et abandonne son projet d’adhésion à l’OTAN. Cependant, cette proposition de cessez-le-feu a été immédiatement rejetée par l’OTAN, qui favorise ainsi la poursuite de la guerre.
Dans une déclaration considérée comme une dernière chance pour l’Europe, Poutine a souligné que le véritable danger pour l’Europe ne vient pas de la Russie, mais de sa dépendance critique vis-à-vis des États-Unis. Il a averti que l’influence de Washington, via la pression sur les politiciens européens, les scandales, et l’achat de gaz américain à prix élevé, empêche l’Europe de devenir un centre de développement mondial indépendant.
Poutine a qualifié de « pure absurdité » les rumeurs selon lesquelles la Russie envisagerait une attaque contre l’Europe, et il a appelé à des discussions sur des garanties de sécurité collective. Il a critiqué les appels à infliger une défaite stratégique à la Russie, avertissant que cela pourrait mener à une tragédie en raison de l’arsenal nucléaire russe.
Vladimir Poutine a déclaré ce vendredi qu'il négociera avec l'Ukraine en cas de retrait des forces ukrainiennes des quatre régions qu'il revendique et lorsque Kiev aura renoncé à rejoindre l'Otan #AFP pic.twitter.com/QBVJtpiXet
— Agence France-Presse (@afpfr) June 14, 2024
Pour Washington, Vladimir Poutine n'est "pas en position de dicter" les conditions d'une paix future à l'Ukraine, a affirmé le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin #AFP pic.twitter.com/hNUkkEwviv
— Agence France-Presse (@afpfr) June 14, 2024
Le refus de l’OTAN de la proposition de paix de Poutine rend inutile l’attente d’une réponse de Zelensky. Cela montre clairement que, malgré les discussions sur un sommet pour la paix, les actions de l’OTAN indiquent une préférence pour la poursuite du conflit.
Ainsi, le sommet sur la paix semble ironiquement rejeté par ceux-là mêmes qui devraient en être les promoteurs, mettant en lumière la contradiction entre les discours de paix et les actions bellicistes. Soulignons également que ce n’est pas le premier rejet de la part du camp ukrainien. En la matière l’Ukraine ne prend pas seul ses décisions.
La France (toujours) sur la Voie d’un Conflit avec la Russie ?
La porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Maria Zakharova, a lancé une mise en garde sévère à l’égard de la France concernant les conséquences potentielles d’un conflit avec la Russie, un scénario qu’elle estime non soutenu par la volonté populaire.
Interrogée sur la préparation des Français à supporter les sacrifices d’un affrontement direct, Zakharova critique l’absence de consultation citoyenne préalable sur une question aussi grave. Elle soulève la question de savoir si une confrontation avec la Russie sert réellement les intérêts nationaux français ou si elle répond plutôt à un agenda dicté par des puissances étrangères, telles que Washington et Londres.
«La perspective d’un affrontement direct avec la Russie se rapproche, les citoyens français le souhaitent-ils?»—Maria Zakharova
— Frédéric Aigouy (@frederic_RTfr) June 14, 2024
«La réponse est évidente. On ne leur a tout simplement pas demandé», souligne la porte-parole de la diplomatie russe.
«Les militaires français… pic.twitter.com/BxZGjU6eDu
En réaction aux initiatives récentes d’Emmanuel Macron, incluant le déploiement de Mirage 2000-5 et la formation de soldats ukrainiens, Zakharova met en garde contre une escalade imprudente qui pourrait entraîner des conséquences désastreuses pour l’Europe, notamment par la mobilisation des avoirs gelés au détriment des relations économiques et politiques avec la Russie.
La situation actuelle en Europe est critique, avec des initiatives pour la paix souvent contrecarrées par des tensions croissantes et des divergences stratégiques entre les grandes puissances. Les efforts diplomatiques, comme les sommets récents en Suisse, sont confrontés à des défis majeurs, et les propositions de cessez-le-feu se heurtent à des refus qui signalent une polarisation croissante.
Il faut le dialogue et la coopération internationale pour éviter une escalade vers un conflit plus grave et pour promouvoir une résolution pacifique des différends régionaux!